Ce que vous pouvez faire pour aider les chevreuils à survivre à l'hiver rigoureux

Par : John Cristinziani

Il n'y a pas beaucoup de moments dans l'année où les chevreuils connaissent un mode de vie peu stressant. Alors que l'hiver recouvre le Canada, les troupeaux de chevreuils connaissent un déclin nutritionnel important.

Dans de nombreuses régions, il est extrêmement difficile pour les chevreuils de consommer les deux kilos de nourriture dont leur corps a besoin chaque jour lorsque l'hiver s'installe. En conséquence, les chevreuils des climats nordiques peuvent souvent perdre jusqu'à 30 % de leur masse corporelle avant que le printemps n'arrive et ne fournisse du fourrage en abondance.

Si le printemps, l'été et l'automne présentent des défis uniques pour les cerfs, l'hiver est de loin la période de l'année la plus difficile pour eux. Les éléments sont durs et peuvent être impitoyables, et les nombreux défis qui accompagnent les températures extrêmes, la neige et la glace peuvent mener une bataille physique sur la condition du troupeau.

Heureusement, les cerfs sont faits pour endurer et prospérer, et ils ont la capacité de surmonter les circonstances les plus défavorables au cours d'une saison donnée.

Les changements physiologiques et les besoins d'un chevreuil

Le chevreuil possède la physiologie adéquate pour survivre en hiver, mais il a besoin de nourriture et de l’abri pour y parvenir. Pendant les hivers rigoureux, la mortalité des chevreuils peut être dévastatrice s'ils manquent de nourriture et d'abri.

Le facteur déterminant pour savoir si un chevreuil survivra à l'hiver ou comment il se comportera à la fin de la saison dépend de sa condition physique et de si ses besoins nutritionnels au cours de l'automne précédent ont été atteint. Des études suggèrent qu'il est important de tenir compte du moment de l'hiver et du printemps dans une année donnée. Un hiver précoce combiné à un printemps tardif, par exemple, peut ajouter une quantité extrême de stress supplémentaire que les cerfs ont du mal à surmonter.

Les chevreuils en bonne santé entrent généralement dans l'hiver avec des réserves de graisse qui constituent une source indirecte d'énergie lorsque l'habitat du chevreuil offre peu ou pas de nourriture ou de fourrage. Les cerfs doivent conserver leur énergie pendant l'hiver, car s'ils brûlent plus de calories qu'ils n'en consomment pendant une longue période, la mort ne tardera pas à survenir. Pendant des périodes de stress comme celle-ci, un changement physiologique se produit, entraînant une diminution du taux métabolique.

Avec peu de fourrage nutritif et de broutage disponible, les cerfs subissent des changements physiologiques tout au long de l'hiver. Ce sont leurs mécanismes de survie internes qui sont la clé pour survivre à l'hiver. Il peut être très difficile de trouver des sources de glucides, de protéines et de nutriments essentiels, ce qui entraîne une diminution de l'apport calorique.

La seule façon pour les cerfs de survivre à des hivers particulièrement rigoureux lorsque les sources de nourriture sont limitées est de conserver autant d'énergie que possible pour s'assurer que leurs réserves de graisse ne sont pas épuisées à la fin de l'hiver. La seule façon pour eux d'y parvenir est de diminuer naturellement et progressivement leur niveau d'activité.

Les animaux de petite taille perdent leur chaleur corporelle plus rapidement. Les animaux de grande taille conservent mieux l'énergie en raison d'un rapport surface/masse plus faible. C'est pourquoi il est essentiel que les cerfs profitent des aliments riches en énergie et en glucides lorsqu'ils sont disponibles, c'est-à-dire principalement au printemps, en été et en automne. Cela peut faire la différence entre survivre ou non à l'hiver.

N'oubliez pas qu'à la fin du rut, les réserves de graisse du chevreuil ont déjà été considérablement réduites. Au moment où le rut touche à sa fin, les mâles reproducteurs dominants sont souvent assez maigres et, pour ne rien arranger, ils n'ont pas vraiment de grandes possibilités de récupération dans un pays comme le Canada. Lorsque le rut se termine, l'hiver est déjà arrivé et la nourriture est probablement rare dans la plupart des régions.

Pour ces raisons, les mâles abordent souvent l'hiver épuisés et stressés par les rigueurs du rut, alors que les femelles sont en train de faire grandir leurs faons et peut-être même d'allaiter leur progéniture précédente. Les faons sont également particulièrement vulnérables pendant l'hiver si leur mère n'a pas reçu une alimentation adéquate pendant sa grossesse ou si la date de naissance du faon est tardive.

Des études montrent que le taux métabolique le plus bas d'une biche se situe au mois de février. Lorsque les biches entrent dans la dernière moitié de la période de gestation, lorsque la croissance du fœtus augmente rapidement, l'énergie métabolique augmente de manière significative. Si les biches ne reçoivent pas une quantité adéquate de nourriture, elles peuvent devenir si épuisées qu'elles absorbent leur petit à naître.

Extérieurement, le rôle du pelage d'hiver du chevreuil est d'isoler du froid. Le pelage d'hiver du chevreuil est plus foncé et absorbe l'énergie solaire. Les poils de garde rugueux et creux du pelage d'hiver sont plus longs et offrent une protection et une isolation en emprisonnant l'air, mais ce sont les poils plus fins qui se trouvent en dessous qui offrent la plus grande valeur isolante. Par conséquent, leur pelage bien conçu absorbe non seulement la chaleur, mais il isole également contre la perte de chaleur.

Améliorer la survie des chevreuils

Outre les hivers rigoureux, les chevreuils sont également menacés par les prédateurs. Qu'il s'agisse de chasseurs, de coyotes ou même de cougars et de sangliers dans certaines régions de l'Ouest canadien, les prédateurs peuvent causer beaucoup de stress aux cerfs pendant l'hiver. Les chasseurs peuvent vraiment aider les cerfs et les autres animaux sauvages en éliminant leur part de prédateurs, et la chasse et le piégeage de prédateurs tels que les coyotes constituent un excellent effort de gestion hivernale pour maintenir le stress d'un troupeau de chevreuils au minimum.

Je ne prétends certainement pas être un grand chasseur de coyotes, mais je fais un effort concerté pour contrôler les prédateurs, en particulier pendant l'hiver. J'essaie également d'aider en encourageant mes amis et mes voisins à faire de même. S'ils ne peuvent pas les chasser, ils peuvent les piéger. S'ils n'ont pas de permis de piégeage, ils peuvent engager les services d'un trappeur professionnel ou au moins autoriser l'accès à leurs propriétés à un trappeur. Pouvez-vous imaginer que si seulement 50 % des chasseurs de chaque province capturaient ou abattait un seul coyote par an pendant l'hiver, combien de centaines de milliers de coyotes en moins erreraient dans le pays ?

Les chasseurs peuvent également aider les chevreuils pendant les mois d'automne en leur fournissant un habitat et des sources de nourriture supplémentaires afin qu'ils puissent entrer dans la saison hivernale en aussi bonne santé que possible. 

En plus de fournir des réserves de graisse, les sources de nourriture supplémentaires aident également les chevreuils à se maintenir et à récupérer du stress du rut. Soulignons que c'est une autre raison importante pour laquelle les champs nourriciers sont si vitales pour le troupeau. Oui, les champs nourriciers permettent effectivement de nombreuses rencontres avec les chevreuils tout au long de la saison de chasse en attirant les femelles en œstrus et les mâles affamés ou en rut. Plus important encore, ces sources de nourriture de qualité semées de plantes annuelles aident réellement les biches, les mâles et les faons à constituer des réserves de graisse essentielles pour les aider à passer les mois d'hiver difficiles. 

J'ai la chance de pouvoir planter plusieurs acres de champs nourriciers pour les troupeaux de chevreuils sur les propriétés que je possède ou loue. Les brassicas, les radis, les betteraves sucrières et les navets sont riches en hydrates de carbone, et les chevreuils ont besoin de ces derniers pour se réchauffer dans des conditions hivernales glaciales. Je m'assure de fournir plusieurs acres de ces plantations chaque année à mes chevreuils. Je recommande vivement ces quatre types de plantes pour une combinaison parfaite d'attraction en fin de saison et de nutrition en hiver. Whitetail Institute fournit plusieurs mélanges de graines qui contiennent ces plantes de qualité à haute teneur en carbone, comme; Winter Greens, Winter Peas Plus, Tall Tine Tubers ou Beets & Greens.

Si vous n'avez pas la possibilité d'aménager des champs nourriciers, vous pouvez toujours distribuer du maïs concassé ou entier, des balles de luzerne ou un mélange commercial de qualité pour les chevreuils si et quand cela est légal dans votre région. Évitez les produits en granulés pour les cervidés, car ils ont tendance à gonfler et à moisir lorsqu'ils entrent en contact avec de l'eau, de la neige fondue ou de la condensation. (tout comme les granulés pour chiens lorsqu'ils tombent dans l'eau) Cependant, si vous choisissez cette voie, assurez-vous de ne pas vous arrêter, ou vous pourriez causer plus de mal que de bien à vos chevreuils. Fournir des sources de nourriture est excellent, mais n'oubliez pas qu'il est absolument essentiel de les garder à proximité d'une couverture abondante et d'un habitat thermique.

En tant que gestionnaire de chevreuils, fournir un habitat qui a tout ce dont les cerfs ont besoin pour survivre à l'hiver peut aussi vraiment faire la différence. Ces zones doivent être protégées des éléments et disposer d'une couverture thermique composée d'herbes indigènes comme le Switchgrass ou de conifères matures comme le cèdre ou le pin, à proximité des sources de nourriture. Il s'agit de minimiser la distance parcourue par les cerfs pour se rendre de la source de nourriture à leur abri thermique, ce qui minimise leur énergie.

Les bosquets de cèdres font d'excellents parcs d'hiver pour les chevreuils. Ils fournissent une couverture thermique essentielle, car leur feuillage vert foncé absorbe la chaleur du soleil, et ils offrent également une protection contre les vents violents et la neige accumulée au sol.

De bonnes zones d'hivernage comme celles-ci offrent également un abri où les cerfs peuvent s'enfuir ou rester cachés des prédateurs. Donc, pour aider le troupeau dans votre zone de chasse, envisagez de planter des cèdres ou d'établir quelques acres d'herbes de saison chaude ce printemps ou cet été.

Les cerfs recherchent des zones d'hivernage où ils peuvent conserver leur énergie. Ils commencent à manger moins et à se déplacer moins. Leurs habitudes alimentaires semblent dépendre fortement de la température et des conditions météorologiques.

Un biologiste spécialiste des chevreuils que je connais estime que les déplacements des cerfs commencent à ralentir lorsque les températures descendent à environ - 10 degrés Celsius.

Si vous avez des températures inférieures à zéro ou de fortes chutes de neige et du vent pendant de longues périodes, vous pouvez même avoir des chevreuils qui restent couchés pendant plusieurs jours. Les déplacements peuvent être spectaculaires juste avant ou juste après des périodes de neige abondante ou de blizzard, car les cerfs ressentent le besoin de se remplir l'estomac et de gagner de l'énergie à brûler.

Lorsque les cerfs doivent inutilement dépenser de grandes quantités d'énergie, cela nuit à leurs chances de survie. Veillez donc à leur laisser de l'espace et à limiter leur stress en réduisant le nombre de prédateurs, en leur fournissant des sources de nourriture et un abri adéquat. Faites également de votre mieux pour rester à l'écart à la fin de l'hiver, ou vous risquez de provoquer des perturbations et un stress inutile. Essayez d'éviter de faire de la motoneige, du VTT ou de la raquette dans les zones où vous savez que les cerfs s'abritent pour l'hiver.

L'impact sur les agriculteurs 

Les agriculteurs cultivent d'abondantes sources de nourriture que les cerfs utilisent au printemps, en été et en automne, mais une fois les cultures récoltées et recouvertes de neige, c'est souvent un vaste terrain vague. Par conséquent, ce qui se produit souvent pendant les hivers rigoureux, ce sont des déplacements saisonniers et parfois des migrations vers des zones d'hivernage. Dans de nombreuses régions du Canada, cela signifie le plus souvent juste à côté ou dans les magasins d'alimentation du bétail d'un agriculteur.

Chaque hiver varie en fonction de sa sévérité, mais cette période cruciale peut être extrêmement éprouvante pour les troupeaux de cerfs, car leur objectif premier est de survivre en dépensant le moins d'énergie possible. Cependant, leur instinct de survie les met souvent en conflit direct avec les producteurs.

Les propriétaires privés et les agriculteurs ne possèdent pas les cerfs, mais ils en nourrissent la majorité. Faisons notre part en gérant nos ressources et en gardant des niveaux de tolérance gérables pour les producteurs.

La nourriture, l'eau et le couvert sont tous des éléments nécessaires au maintien de la vie sauvage. En fournissant de la nourriture, en augmentant la couverture hivernale et en gérant les prédateurs et le stress hivernal, nous pouvons aider nos troupeaux de cerfs à traverser cette période difficile.

Notre propriété abrite plus de cerfs pendant l'hiver que pendant toute autre période. Les raisons sont simples, et elles seront toujours les mêmes : nourriture, eau, abri et sécurité. Même si vous ne possédez pas de terrain, savoir ce que les cerfs traversent et aider quand et où vous le pouvez est à la portée de chaque chasseur, et chaque chasseur peut faire sa part pour aider.

Mettez toujours un point d'honneur à respecter la terre, à respecter le propriétaire et à respecter la faune.