La bonne nourriture au bon moment

Par Matt Harper

Dans notre société moderne, on nous apprend à être plus tolérants et ouverts aux opinions différentes des nôtres. J'y parviens parfois mieux que d'autres. 

Prenons l'exemple de ceux qui pensent qu'un régime alimentaire sain ne fait pas de place à la viande. Ils affirment que la viande est trop riche en graisses et autres composés nocifs et qu'elle est à l'origine de l'épidémie d'obésité. Ils ne vous disent pas que la viande est l'une des meilleures sources de protéines - en particulier les acides aminés dont notre corps a besoin pour la croissance et l'entretien - sans oublier qu'elle constitue un excellent apport en minéraux et en vitamine B12.

Certes, certains morceaux de viande et certaines espèces animales peuvent être riches en graisses, et une surconsommation en l'absence de combustion de calories peut entraîner un gonflement du tour de taille. Mais il en va de même pour la surconsommation de pâtes, de sucre, d'amidon et d'autres denrées alimentaires. Si l'homme n'est pas censé manger de la viande, pourquoi en avons-nous tant envie ? Pourquoi presque toutes les civilisations aspirent-elles à posséder la richesse qui permet de manger de la viande ? Même ceux qui s'abstiennent de manger de la viande essaient de préparer des préparations sans viande qui sont censées imiter le goût de la viande. Il est amusant de constater que personne n'a jamais essayé de préparer un steak aromatisé à la laitue. Presque tout le monde aime le goût du bacon, qui est en grande partie de la graisse de porc frite. Les steaks les plus savoureux et les plus juteux sont ceux qui présentent des marbrures, c'est-à-dire de la graisse intramusculaire.

Ma théorie est que les gens ont naturellement envie d'aliments riches en calories et en énergie, comme la graisse, parce que c'est inscrit dans notre ADN. Lorsque nous devions courir après notre nourriture ou au moins faire un effort physique pour l'obtenir, nous brûlions d'énormes quantités de calories pour y parvenir et, en retour, nous avions envie d'aliments riches en calories pour refaire le plein d'énergie. Vous ne pouvez pas brûler continuellement plus de calories que vous n'en consommez, sinon vous finirez par mourir. Si vous mangez deux Big Mac tous les jours sans jamais quitter votre canapé, vous accumulerez des réserves d'énergie à un rythme élevé. Mais si vous deviez sprinter autour du McDonald's plusieurs dizaines de fois pour attraper un Big Mac, vous conserveriez probablement votre corps de plage.

Bien que je ne puisse pas communiquer avec un cerf de Virginie, je suis certain qu'il ne s'inquiète pas de devenir trop gros. Il y a peu de chances que cela se produise de toute façon, car un cerf de Virginie sauvage brûle d'énormes quantités de calories pour échapper aux prédateurs, se reproduire, se battre, élever des faons et simplement essayer de survivre. C'est pourquoi les cerfs recherchent des sources de nourriture qui leur apportent les nutriments dont ils ont besoin pour survivre. Tout au long du cycle annuel du cerf, ces besoins nutritionnels évoluent en fonction des fonctions biologiques et des conditions environnementales. Par exemple, les besoins nutritionnels d'un mâle ou d'une femelle sont différents en été et en hiver. Pour maximiser l'apport nutritionnel, vous devez donc gérer votre programme nutritionnel pour les cerfs en fonction de chaque demande.

Fin de l'hiver, début du printemps

J'aime commencer la discussion sur le cycle nutritionnel annuel d'un cerf par la période relativement brève mais extrêmement importante où l'hiver s'estompe mais garde une emprise glaciale sur le monde du cerf de Virginie. Le moment exact varie en fonction de la situation géographique et de la fluctuation annuelle des températures, mais il s'agit des dernières semaines qui précèdent le verdissement printanier. Dans le Midwest, au cours d'une année normale, cette période s'étend de la fin du mois de février au début du mois d'avril.

C'est une petite période, mais elle peut être l'une des plus stressantes du cycle annuel d'un cerf. Les réserves de nourriture de qualité sont généralement faibles - en fait, plus faibles qu'à n'importe quel autre moment. La végétation riche en nutriments qui accompagne le verdissement printanier n'a pas encore poussé et, dans la plupart des cas, les sources de nourriture hivernales ont pratiquement disparu. Les femelles entrent dans leur dernier trimestre de gestation, période où la croissance du fœtus est la plus importante. Au début de la gestation, une mauvaise alimentation peut entraîner une réabsorption du fœtus ou un avortement, mais au cours des dernières semaines de la gestation, les nutriments consommés et provenant des réserves corporelles sont acheminés vers le faon à naître, même au détriment de la femelle.

En l'absence d'une bonne alimentation, la santé et l'état corporel de la femelle s'en ressentent, ce qui peut entraîner un faible poids à la naissance et une diminution de la production de lait après la naissance. Ces conditions diminuent considérablement les chances de survie des faons. C'est également à cette époque que les bourgeons des bois nouvellement formés commencent à apparaître sur les pédicules des mâles. Bien que les besoins en protéines ne soient pas aussi élevés qu'ils le seront pendant la période de croissance maximale des bois à la fin du printemps et en été, les besoins en protéines augmentent par rapport à ceux de l'hiver pour soutenir la croissance des nouveaux bois.

Un manque de protéines à ce stade peut freiner la croissance précoce des bois et affecter négativement la taille finale des bois. Comme les chiennes, les mâles sont souvent en mauvaise condition physique à la sortie de l'hiver et ont besoin de sources de nourriture à haute teneur énergétique. Des besoins nutritionnels accrus combinés au manque de ces nutriments représentent une menace sérieuse pour la santé et la qualité d'un troupeau de cerfs.

Cependant, vous pouvez prendre des mesures pour aider à gérer le problème. L'une des options consiste à utiliser un complément à volonté (là où il est autorisé) qui contient des protéines et des sources d'énergie hautement digestibles. En général, ces compléments contiennent également des minéraux et des vitamines, qui sont importants d'un point de vue nutritionnel, mais pas autant que de la fin du printemps au début de l'automne. Il est important d'utiliser un complément qui a été scientifiquement développé et formulé spécifiquement pour les cerfs et pour cette période. Le 30-06 de Whitetail Institute en est un excellent exemple.

Vous pouvez également planter suffisamment de fourrage d'hiver pour fournir une source de nourriture jusqu'à la repousse du printemps. Pour ce faire, vous devez avoir une bonne estimation de la taille du troupeau, de la quantité de tonnage que le fourrage produira et de sa durée de vie. Introduisez ces facteurs dans votre équation et vous obtiendrez la superficie nécessaire. Par exemple, disons que la taille de votre troupeau de cerfs est estimée à 50 têtes et que vous pensez que chaque animal mangera de 2 à 3 livres par jour.

Si vous avez une moyenne de 4 000 livres de fourrage par acre et que vous voulez fournir de la nourriture du 15 octobre au 1er avril, vous devrez planter environ 5-1/2 acres (50 têtes multipliées par 2,5 livres par jour multipliées par 170 jours/4 000 livres par acre). Bien sûr, il ne s'agit pas d'une science exacte et cela peut être influencé par la production de fourrage, la température et le climat de l'année, le fait d'attirer plus de cerfs des propriétés adjacentes et d'autres facteurs, mais c'est une bonne règle empirique.

Je donnerai plus de détails sur ce qu'il faut planter lorsque nous parlerons de la nutrition d'automne et d'hiver. Enfin, plus la verdure est précoce au printemps, mieux c'est. Vous ne pouvez rien faire contre la période de verdissement de la nourriture naturelle, mais vous pouvez tenir compte de ce facteur lorsque vous plantez des parcelles de nourriture. Par exemple, le trèfle impérial de la queue blanche et la fusion impériale de la queue blanche sont extrêmement tolérants au froid, ce qui signifie qu'ils resteront verts plus longtemps en hiver et qu'ils verdiront également plus tôt au printemps.

Printemps et été

Le printemps et l'été sont des périodes d'abondance dans le monde du cerf de Virginie. La végétation naturelle est à son plus haut niveau de nutriments, car la plupart des plantes sont végétatives et en pleine croissance. La nature a voulu que les réserves de nourriture les plus abondantes coïncident avec la naissance de la progéniture.

C'est également à ce moment-là que les besoins nutritionnels sont les plus élevés. Dans la plupart des régions du pays, les femelles mettent bas à la fin du printemps et la production de lait entraîne la nécessité de disposer de sources alimentaires de qualité et en quantité optimale. Les besoins en protéines d'une biche en lactation sont d'environ 18 %, et les besoins en énergie sont les plus élevés de son cycle annuel.

Les besoins en minéraux et en vitamines sont également les plus élevés. Le lait de biche est extrêmement riche en nutriments, car il contient plus de matières grasses et de protéines que le lait de vache. Si le régime alimentaire d'une brebis manque de qualité ou de quantité de nutriments, cela ne changera pas la composition du lait, mais plutôt la quantité qu'elle produit.

Une production de lait optimale est essentielle pour la survie des faons, en particulier pendant les premiers jours et les premières semaines après la naissance. Un faon en bonne santé, fort et en pleine croissance a beaucoup plus de chances de passer ces premiers jours où les taux de mortalité sont les plus élevés et où le facteur critique est une production de lait optimale.

Au-delà de la capacité de survie, le poids au sevrage et le poids des animaux d'un an sont directement liés au poids corporel à maturité et, à leur tour, à la taille des bois. Essentiellement, des poids d'un an plus faibles indiquent une tendance à la réduction de la taille du corps et des bois à l'âge adulte.

Pour les mâles, le printemps et l'été représentent le pic de croissance des bois, mais avant cela, les mâles doivent d'abord récupérer les pertes de poids corporel qu'ils ont subies en hiver et au début du printemps. La croissance des bois est une fonction secondaire par rapport au poids corporel, donc plus vite un mâle récupère le poids perdu, plus vite les nutriments peuvent être dirigés vers la croissance des bois.

Pour les mâles immatures, les nutriments ne sont pas seulement utilisés pour l'entretien du corps, mais aussi pour la croissance des muscles, du squelette et de l'ensemble du corps. C'est pourquoi les mâles immatures n'ont jamais la pleine capacité de croissance des bois par rapport aux mâles matures : Les nutriments sont utilisés pour la croissance du corps et des bois. Mais pour cette classe d'âge de mâles, une croissance corporelle optimale est vitale pour produire une croissance optimale des bois à la maturité.

En général, les mâles ont besoin d'environ 16 % de protéines pendant la période de croissance des bois, ainsi que de grandes quantités d'énergie digestible. Les mâles ont également besoin de grandes quantités de minéraux et de vitamines pendant la période de croissance des bois pour soutenir ce qui est essentiellement une formation squelettique à l'extérieur du corps.

Pour les mâles et les femelles, les minéraux utilisés pour la lactation ou la croissance des bois sont puisés dans le système squelettique. Si les quantités optimales de minéraux ne sont pas disponibles dans l'alimentation, la production de lait et la croissance des bois seront diminuées. Les cerfs - en particulier les mâles - n'extrairont pas plus de minéraux de leur système squelettique que ce qu'ils peuvent supporter sainement. C'est pourquoi la supplémentation est si efficace pour la croissance des bois, la lactation des femelles et la croissance générale du corps. Depuis des années, Imperial 30-06 sont des produits éprouvés qui donnent des résultats constants et excellents.

En fait, depuis plus de 20 ans, des dizaines de milliers de chasseurs et de gestionnaires de cervidés ont connu un grand succès avec ces produits. Pour les besoins en protéines et en énergie, les champs nourriciers sont devenus un élément essentiel de la gestion. La quantité de végétation naturelle de qualité est généralement élevée au milieu du printemps, mais à mesure que les plantes mûrissent, les niveaux de nutriments diminuent, de même que la digestibilité. Même au printemps, une compilation de la végétation naturelle ne permet souvent pas d'obtenir les 16 à 18 % de protéines dont le troupeau de cerfs a besoin.

Pour compléter les sources de nourriture naturelles, les parcelles plantées de fourrages à haute teneur en protéines hautement digestibles peuvent combler les lacunes en matière de nutriments. Par exemple, le trèfle impérial, l'Alfa-Rack Plus et d'autres plantes vivaces de Whitetail Institute peuvent fournir plus de 30 % de protéines, mais la durée de la digestibilité et la teneur élevée en nutriments sont également importantes. Comme nous l'avons déjà mentionné, la teneur en nutriments et la digestibilité de la plupart des fourrages diminuent à mesure qu'ils mûrissent. Les parcelles de plantes vivaces du Whitetail Institute sont conçues pour rester végétatives bien plus longtemps que d'autres variétés de la même famille. C'est essentiel, car les cerfs ont besoin d'une alimentation de haute qualité tout au long du printemps et de l'été, et pas seulement au printemps. 

L'automne et l'hiver

L'automne et l'hiver représentent une autre période de transition importante pour les cerfs. Au début de l'automne, les cerfs sont encore en train de prendre du poids en prévision de l'hiver et de la saison de reproduction. Dès que le velours commence à se détacher, révélant le bois durci, les habitudes du mâle commencent à changer. Tout d'abord, les mâles se séparent de leurs groupes de célibataires et deviennent plus agressifs les uns envers les autres. À l'approche du rut, les mâles commencent à bouger davantage et à manger moins. Au cœur du cycle de reproduction, les mâles se déplacent presque constamment et brûlent d'énormes quantités d'énergie à poursuivre les femelles, à combattre leurs rivaux et à se reproduire.

Une meilleure condition physique avant le rut peut déterminer le succès de la reproduction d'un mâle ainsi que ses chances de survie lorsque la reproduction cesse. La condition physique d'une biche est également importante avant et pendant le rut. Nous avons tous vu des images de biches qui paraissent amaigries à cause des exigences élevées de la lactation. Pour avoir de meilleures chances que la copulation aboutisse à une grossesse, les biches doivent retrouver leur condition physique et, dans les cas extrêmes, même avoir un cycle correct. Les sources de nourriture de haute qualité contenant de l'énergie, des protéines et des minéraux doivent être abondantes à la fin de l'été et au début de l'automne pour que les mâles et les femelles soient au meilleur de leur forme physique avant le début de la reproduction. Lorsque l'été se transforme en automne, les besoins nutritionnels commencent à changer. Les besoins en protéines et en minéraux commencent à diminuer tandis que les besoins en énergie augmentent. Cela ne veut pas dire que les protéines et les minéraux ne sont pas importants. Les quantités nécessaires sont simplement plus faibles. Après le rut, les mâles recommencent à manger avec passion pour essayer d'accumuler de la graisse.

Lorsque l'hiver arrive, les mâles et les femelles de toutes les classes d'âge entrent dans une phase de semi-dormance en termes de digestion. Tout ralentit, y compris la vitesse de passage de la nourriture, la consommation et même la mobilité. C'est une façon naturelle de faire face au manque de nourriture. Les besoins en protéines et en minéraux diminuent encore plus, mais l'énergie reste importante pour alimenter leur corps tout au long de l'hiver.

La gestion nutritionnelle de l'automne et de l'hiver consiste à fournir suffisamment de compléments alimentaires de qualité pour aider les cerfs à traverser cette période dans les meilleures conditions possibles.

Pour ce faire, vous pouvez utiliser des parcelles de fourrage produisant un tonnage élevé tout en étant très nutritives et digestibles. Ces fourrages doivent être riches en hydrates de carbone, mais doivent également présenter des caractéristiques physiques qui leur permettront d'être disponibles même en cas de neige.

L'une des meilleures méthodes consiste à planter des parcelles qui ciblent l'automne et le début de l'hiver, ainsi que des parcelles qui ciblent spécifiquement l'hiver.

Par exemple, le Pure Attraction de Whitetail Institute est une combinaison d'avoine Whitetail, de pois d'hiver et de brassicas WINA. La variété d'avoine est résistante à l'hiver, riche en nutriments et très attrayante, ce qui présente l'avantage supplémentaire de produire une bonne parcelle de chasse.

La partie brassicacée du mélange fournit de la nourriture jusqu'à la fin de l'hiver, ce qui donne au mélange la capacité unique de fournir une alimentation de qualité en automne et en hiver. Le Winter Greens, le Tall Tine Tubers s légumes verts d'hiver, les tubercules à hautes tiges et les betteraves et légumes verts sont et le Beets & Greens de Whitetail Institute sont tous d'excellents outils nutritionnels pour les parcelles alimentaires conçues pour les mois les plus froids. Ils peuvent tous produire une quantité incroyable de tonnage et sont d'excellentes sources d'énergie, et ils peuvent être disponibles même en cas de neige épaisse. Comme nous l'avons vu, il est important de planter une quantité suffisante pour le troupeau de cerfs que vous gérez. Utilisez l'équation qui tient compte de la taille du troupeau, des taux de consommation et de la durée souhaitée de l'approvisionnement en nourriture pour obtenir la superficie nécessaire.

Conclusion

Les besoins nutritionnels du cerf de Virginie sont en constante évolution, mais au moins ils sont prévisibles. Savoir quand et quoi faire pour gérer la nutrition de votre troupeau vous permettra d'obtenir des animaux en meilleure santé et de meilleure qualité. Vous rencontrerez d'innombrables variables lorsque vous gérerez des systèmes biologiques naturels, mais cela ne signifie pas qu'une approche éduquée et réfléchie ne devrait pas produire des résultats favorables. Pour la plupart des éleveurs, cela signifie produire un troupeau de cerfs de qualité. Un troupeau de cerfs de qualité se traduit par des cerfs qui présentent les caractéristiques optimales que nous recherchons. Nous voulons le phénotype ultime. En d'autres termes, nous voulons des femelles très productives, des jeunes cerfs en bonne santé et en pleine croissance, et ces grands mâles dont nous rêvons tous.