L'ensemencement par le gel est simple, efficace et économique!
Par Charles J. Alsheimer
Comme adolescent, j'ai grandi dans une ferme qui cultivais des pommes de terre et j'avais un ami proche dont la famille gérait une ferme laitière. Chaque printemps, le père de mon ami ensemençait ses champs de trèfles avec du gel. À l'époque, je trouvais cette pratique étrange car mon père et mon grand-père plantaient nos cultures de pommes de terre et de céréales avec une planteuse ou un semoir en mai ou en septembre, et non pas lorsque l'hiver s'estompe au printemps. J'avais donc du mal à croire que quelqu'un puisse essayer de planter une culture alors qu'il y avait encore quelques pouces de neige sur le sol. J'étais loin de me douter qu'un jour je ferais le même genre de plantation en fin d'hiver.
Lorsque ma femme et moi avons acheté notre ferme en 1973, j'ai immédiatement entrepris d'offrir aux animaux sauvages qui habitaient chez nous une variété d'aliments. Au départ, j'ai planté du seigle et du blé d'hiver au début du mois de septembre. Les merles blancs aimaient les deux en automne, mais pour autant que je sache, je n'ai jamais touché à ces parcelles alimentaires une fois le printemps arrivé. Afin de leur offrir de la nourriture du printemps à l'automne, j'ai commencé à mettre en place des parcelles de trèfle rouge. À l'époque, je ne connaissais aucune entreprise de semences qui avait conçu du trèfle spécifiquement pour les besoins des chevreuils, j'ai donc choisi ce que les agriculteurs locaux utilisaient pour leur bétail laitier, à savoir, du trèfle rouge.
Le plus gros problème que j'ai rencontré avec mes premières plantations de trèfle rouge était que j'avais souvent des pertes importantes de plantes après le premier hiver. C’est le grand défaut du trèfle Rouge. Les mauvaises herbes ont vite pris le dessus sur les trous où les plantes étaient mortes. Au cours de ces premières années, je ne savais pas grand-chose sur l'ensemencement en sol gelé, alors pour contrer la mort de mes plantes de trèfle, je replantais souvent mes champs si la majorité des mes plantes de trèfle était mort.
Un jour, à la fin des années 1980, j'ai été invité à chasser la marmotte commune dans la même ferme laitière où j'avais observé le père de mon ami faire de la gélivation dans ma jeunesse. Par la suite, mon ami et moi nous sommes arrêtés à la grange pour parler à son père. Au cours de notre discussion, le sujet des champs nourriciers destinées à l'alimentation des chevreuils a été abordé et j'ai fait part au fermier du problème que j'avais avec la disparition d'une partie des trèfles dans mes champs. Il m'a demandé si je faisais des semis en sol gelé. Quand j'ai répondu non, il m'a dit que cela faisait partie de mon problème et m'a suggéré de l'essayer. Il m'a ensuite expliqué comment il s'y prenait et comment mes champs nourriciers pourraient bénéficier de cette pratique. Depuis ce jour, je me suis fait un devoir d’ensemencer en sol gelé tous mes champs de Trèfle Impérial à la fin de l'hiver, lorsque le printemps frappe à la porte. Cette pratique s'est révélée très efficace et économique.
QU'EST-CE QUE L'ENSEMENCEMENT EN SOL GELÉ ?
J'ai demandé à Dick Darling, spécialiste des semences pour l'une des plus grandes entreprises agricoles du Nord-Est, qui conseille les agriculteurs de la région de New York et du nord de la Pennsylvanie (ou les hivers très semblable à ceux de nombreuses provinces Canadiennes) sur les moyens d'augmenter le rendement des cultures grâce à l'ensemencement en sol gelé, ce qu'il m'a répondu : "Dans le nord des États-Unis et du Canada, l'hiver peut être dur pour tout ce qui vit, en particulier les plantes. S'il n'y a pas suffisamment de neige pour couvrir le sol, la mort des plantes est une réelle possibilité. Lorsque les plantes meurent, les champs nourriciers passent de l'état d'oasis à celui de champs tachetés lorsque le printemps arrive. Le fourrage est alors moins disponible et les mauvaises herbes peuvent prendre le dessus. Pour contrer ce phénomène, les agriculteurs et les spécialistes de champs nourriciers utilisent la méthode éprouvée de l'ensemencement en sol gelé. En répandant légèrement une graine pérenne sur le sol à la fin de l'hiver, certaines cultures comme le trèfle, la chicorée et la luzerne sont capables de maintenir leur surabondance et de fournir une nutrition élevée pendant plusieurs années".
QUAND LE FAITES-VOUS ?
Ici, dans le Nord, certains agriculteurs ensemencent leurs champs de trèfles par temps de gel dès le 1er mars. L'inconvénient est que dans certains cas, il y a encore pas mal de neige sur le sol ou il peut avoir d’autres neige à venir à ce temps de l’année. L'ensemencement en sol gelé peut poser un problème lorsque plusieurs centimètres de couverture neigeuse recouvrent un sol inégal et qu'un dégel soudain se produit et que les graines sont emportées par l'eau. Ce que j'ai trouvé de mieux, c'est d'attendre que la neige ait presque disparu. Dans ma région de l'ouest de l'État de New York, cela se fait normalement à la fin du mois de mars.
"La clé de l'ensemencement en sol gelé est de le faire lorsque le sol gèle et dégèle quotidiennement", a déclaré Darling. "Cette action de gel et de dégel permets aux semences de s’enfoncer dans le sol et fait tomber les graines dans les fissures du sol, ce qui permet aux graines d'entrer en contact direct avec le sol". Au fil des ans, j'ai appris que mes meilleurs résultats se produisent lorsque j’épand les semences tôt le matin, alors que le sol est encore gelé. Comme vous voulez profiter de l'action de gel/dégel du sol, il ne faut pas tenter d’épandre les semences si le sol est glissant ou partiellement dégelé.
COMMENT FAIRE ?
L'une des beautés de l'ensemencement par le gel est qu'il nécessite très peu de matériel. J'effectue tous mes semis sur sol gelé avec un diffuseur à manivelle et à courroie. Lorsque les conditions météorologiques me disent qu'il est temps de procéder à l'ensemencement en sol gelé, je remplis mon semoir à manivelle et je commence à parcourir la parcelle, en appliquant une petite quantité de semences. Je commence généralement par marcher dans le sens des aiguilles d'une montre, puis je termine la diffusion en marchant en diagonale pour m'assurer qu'aucun spot n'a été manqué.
Lorsqu'il s'agit d'appliquer des semences, "moins c'est plus". Dans la plupart des cas, il faut diffuser entre un tiers et la moitié de la quantité de semences recommandée pour un nouveau semis. L'objectif est de combler les l’espaces vides entre les plantes.
QUELLES SONT LES SEMENCES QUI FONCTIONNENT LE MIEUX ?
"Parce que les semences resteront sur la neige ou le sol pendant une période prolongée, seules les semences dures doivent être envisagées pour les semis en sol gelé", a déclaré M. Darling. "Souvent, les gens essaient de semer des fourrages en gelée comme le ray-grass, l'herbe des vergers ou le brome, qui sont tous des graines molles. L'eau s'infiltre dans les graines molles lorsqu'elles reposent sur le sol, ce qui les fait pourrir avant que le sol ne se réchauffe suffisamment pour qu'elles puissent pousser. Il faut donc éviter d'utiliser des graines molles pour les semis en sol gelé".
Trois des meilleurs mélanges de graines dures pour l'ensemencement en sol gelé sont le Trèfle Impérial, l'Imperial Fusion et l’Impérial Alfa-Rack. Les semences Imperial Whitetail sont protégés contre le gel, donc aucun des trois mélanges mentionnées ne pourrit sur le sol en attendant le printemps et des températures au sol de 10 degrés Celsius avant de germer. De plus, les graines de trèfle, de chicorée et de luzerne sont petites, de sorte qu'elles tombent facilement dans les petites crevasses créées dans le sol lors de l'action de gel et de dégel. Il est également important que les graines utilisées pour l'ensemencement par le gel soient inoculées. Tous les produits de l'Institut Whitetail sont inoculés et prêts à être ensemencés.
AVANTAGES
L'ensemencement en sol gelé présente de nombreux avantages, dont trois des plus importants sont les suivants : il permet de réaliser des économies, d'augmenter le niveau nutritionnel de la parcelle et, dans certains cas, de lutter contre les mauvaises herbes.
Économies de coûts : L'ensemencement en gel d'une parcelle vivace existante permet de réduire le coût annuel du champ nourricier de 70 à 75 % après la première année. En règle générale, avec un contrôle adéquat des mauvaises herbes (pulvérisation et fauchage), un ensemencement en gel et une fertilisation annuelle, je suis en mesure de tirer cinq ans de la plupart de mes champs nourriciers de Trèfle Impérial.
Bien que l'ensemencement en sol gelé puisse être une véritable aubaine, chaque champ nourricier doit être évaluée chaque année pour s'assurer que l'ensemencement en sol gelé est la bonne solution. Voici deux questions auxquelles vous devriez essayer de répondre avant d'envisager l'ensemencement en gelée :
1) Le champ nourricier actuelle est-il en fin de vie ?
2) Quelle est l'ampleur de l'infestation de mauvaises herbes dans le champ ?
Le fait de pouvoir répondre à ces questions déterminera s'il est temps de replanter ou de procéder avec l'ensemencement en sol gelé.
Nutrition : Un deuxième avantage de l'ensemencement en sol gelé est qu'il permet d'avoir encore plus de jeunes plants dans la parcelle alimentaire. Le niveau nutritionnel des jeunes plantes étant supérieur à celui des plantes matures, le niveau nutritionnel global de la parcelle reste aussi élevé que possible pendant toute la durée de vie de la parcelle.
Contrôle des mauvaises herbes : L'ensemencement en gel avec Imperial Clover, Imperial Fusion ou Imperial Alfa-Rack avant le verdissement du printemps peut aider à lutter contre l'herbe et les mauvaises herbes. En effet, le trèfle a tendance à germer et à commencer à pousser dans un sol bien avant celui de nombreuses graminées et graines de mauvaises herbes indigènes. En général, lorsque la température du sol atteint 10 degrés Celsius, les graines de trèfle, de chicorée et de luzerne commencent à pousser.